JIF – Le harcèlement dans les transports en commun dans l’« angle mort » des patrons

En cette Journée internationale des femmes, les syndicats mettent en garde : les employeurs ignorent leurs responsabilités concernant la sécurité des travailleuses durant leurs déplacements domicile-travail.

La Confédération européenne des syndicats (CES) et ses affiliés ont tenu une manifestation aujourd’hui devant la gare centrale de Bruxelles sur le thème « En sécurité tout au long du trajet » pour sonner l’alarme sur cet « angle mort » qui expose les femmes à un risque accru de violence et de harcèlement sur le chemin du travail.

Selon une étude belge, une femme sur trois évite les transports en commun par crainte de violence et de harcèlement tandis qu’une enquête menée en France révèle que jusqu’à 87% des femmes ont été victimes de harcèlement dans les transports publics.

D’après un sondage de la Fédération européenne des travailleurs des transports, ce problème est également l’un des principaux soucis des femmes employées dans ce secteur où 63% des travailleuses déclarent avoir subi des violences au travail.

Responsabilité

Malgré l’importance du problème, de nombreux employeurs n’assument pas leur responsabilité en matière de sécurité des travailleuses lors de leurs déplacements domicile-travail.

Selon la Convention internationale du travail n° 190, les pays sont tenus de mettre en place des lois exigeant des employeurs qu’ils préviennent la violence et le harcèlement au travail – y compris « pendant les trajets entre le domicile et le lieu de travail ».

Pourtant, seuls quatre pays de l’UE ont jusqu’à présent ratifié cette convention : l’Espagne, la Grèce, l’Irlande et l’Italie. Le processus de ratification est en cours en Belgique également.

Le Conseil européen a retardé la ratification de la convention par d’autres États membres en créant une inutile incertitude juridique à propos de cette ratification.

A l’occasion de la Journée internationale des femmes 2023, la CES demande que :

  • Tous les États membres de l’UE ratifient la Convention internationale du travail n° 190 ;
  • Les employeurs négocient avec les syndicats pour faire en sorte que les déplacements domicile-travail soient exempts de toute forme de violence et de harcèlement ;
  • Les institutions européennes définissent dans une nouvelle directive des solutions pratiques contre la violence et le harcèlement au travail.

S’exprimant à ce sujet, la Secrétaire générale de la CES, Esther Lynch, a déclaré :

« Les employeurs ont deux angles morts, l’un concerne le genre dans le domaine de la santé et de la sécurité, l’autre concerne les trajets entre le domicile et le lieu de travail. »

« La raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui est donc de dire très clairement aux employeurs qu’ils ont la responsabilité d’assurer que nous pouvons sans crainte nous déplacer de la maison au travail sans être dévisagées, touchées, agressées ou intimidées. »

« Les responsables européens devraient contribuer à la sécurité des femmes en donnant enfin le feu vert à tous les États membres pour qu’ils ratifient la convention 190 de l’OIT sur la prévention du harcèlement et de la violence au travail, y compris durant les trajets domicile-travail. »

Notes

Pour des photos en usage libre de la manifestation «Safe all the way » – « En sécurité tout au long du trajet » de la CES, suivre le lien.