Passer de l'austérité à la prospérité

Athènes, 16/05/2011

Nous avons choisi la ville d’Athènes pour notre 12e Congrès parce que c’est l’œil du cyclone qui menace l’Europe et l’euro. Nous sommes ici pour montrer notre solidarité. Nous ne sommes pas des bureaucrates en vacances, comme l’affirment certaines affichent dans les rues d’Athènes. La Grèce est le premier pays qui a été confronté à des difficultés mais il y en aura d’autres.

La Grèce est le berceau de la civilisation occidentale, mais aujourd’hui elle est aussi le berceau de la crise économique européenne.

Les agences de notation tournent autour du pays telles des requins autour d’une victime blessée, et l’UE hésite manifestement à lancer un autre plan de sauvetage.

Cette situation est en partie due à la Grèce elle-même – et en particulier aux problèmes liés à la collecte des impôts. Mais les clauses de l’UE / du FMI sont trop sévères. Les remboursements de la dette sont trop élevés et trop précoces.

Nous l’avons dit dès le départ. Et je n’ai aucun plaisir à l’affirmer – nous vous l’avions dit.

Aujourd’hui, les options sont de plus en plus réduites. Personne ne veut commettre d’erreur – et tuer les banques grecques et peut-être d’autres –, ni voir la Grèce sortir de l’euro. Mais il est urgent de restructurer la dette, d’assouplir les conditions de l’austérité, avec les efforts réciproques de la Grèce. L’austérité ne donne pas de résultats. La Grèce ne pourra répondre à ses obligations que par la croissance, le respect par les riches et les nantis de leurs obligations à l’égard du pays, en particulier en ce qui concerne l’impôt, et l’adoption de programmes, y compris avec les syndicats, quant aux mesures à prendre. Il est temps pour la Grèce de se rassembler et non de se désunir – et il est temps pour l’UE d’apporter son aide.

C’est là un message de ce Congrès.

Mais ce n’est pas le seul. Si des problèmes menacent aujourd’hui d’engloutir la Grèce, l’Irlande et le Portugal, c’est en réalité toute l’Europe qui est menacée.

Telle un raz de marée, la crise financière s’est abattue sur l’Europe en 2008. Le crédit a disparu, la production industrielle s’est effondrée, les économies se sont arrêtées.

Au début, l’UE s’en est bien tirée. Les banques ont été soutenues par les gouvernements qui ont assumé la responsabilité des créances douteuses. Des programmes de travail à temps réduit, des systèmes de mise à la casse des véhicules, et d’autres incitants budgétaires ont permis de maintenir l’économie à flot. Nous n’avons pas réitéré les décisions désastreuses des années 1930 qui ont précipité la récession et ont encore compliqué la situation. Les leçons de Keynes semblaient avoir été tirées.

Jusqu’à la Grèce, en 2010 ! La crise s’est alors déplacée des banques vers les dettes des Etats membres et certains pays individuels ont eux aussi été menacés.

Alors que le sauvetage des banques a été facile à organiser – les principales décisions politiques ont été prises rapidement – il a été beaucoup plus difficile et tortueux de venir en aide aux pays. Le “risque moral” a été ignoré lorsque les banques ont été confrontées à des difficultés, mais les Etats membres créditeurs considèrent les états débiteurs comme des bons à rien, des dépensiers incapables, méritant une aide mais aussi une punition.

En règle générale, le Pacte Euro Plus opérera dans la zone euro et dans six autres pays à partir de 2013, en généralisant l’approche d’austérité, à moins que les économies nationales ne soient totalement compétitives. Sinon, il est clair que les Etats membres devront abaisser les salaires, réduire les droits à la pension, opérer des coupes dans les dépenses sociales et dans d’autres dépenses publiques.

Il est déjà clair que les mesures d’austérité sont inefficaces. En Grèce et en Irlande (et au Royaume-Uni où le gouvernement de coalition prescrit un remède similaire), la croissance stagne.

L’UE doit changer d’orientation. Elle doit davantage encourager la croissance et pas seulement invoquer les belles paroles de l’UE 2020. La gouvernance économique ne peut pas être seulement une gouvernance d’austérité.

Elle doit accorder davantage d’importance à l’égalité.

Elle doit davantage aider les jeunes qui, à ce jour, sont les principales victimes de la récession.

Elle doit rétablir la motivation en faveur d’un environnement plus durable et d’économies durables.

Elle doit lutter contre la montée des eurosceptiques et de la droite nationaliste qui ravageront l’UE et ses voisins s’ils devaient un jour arriver au pouvoir.