Plus de temps libre pour les travailleurs fortement syndiqués

En cette période de Noël, les avantages de la négociation collective en matière d’équilibre entre vie professionnelle et vie privée sont attestés par des données de l’UE montrant que les travailleurs des pays ayant le taux de couverture le plus élevé bénéficient chaque année jusqu’à un mois de temps libre de plus – et sans perte de salaire – que les autres travailleurs.

En effet, l’analyse des périodes de congé menée par la Confédération européenne des syndicats (CES) sur base des données Eurofound relatives à la durée du temps de travail négociée pour les travailleurs à temps plein révèle que :

  • Dans les pays où neuf travailleurs sur dix sont couverts par un accord négocié collectivement, le temps de travail moyen est de 1.674 heures par an (hors heures supplémentaires) ;
  • Dans les pays où un travailleur sur dix est couvert, le temps de travail moyen est de 1.848 heures par an (hors heures supplémentaires).

Cela représente une différence de 174 heures, soit quatre semaines de travail par rapport au temps de travail moyen de 38 heures par semaine négocié collectivement au sein de l’UE.

Pays ayant le taux de couverture de la négociation collective le plus élevé

 

Temps de travail négocié collectivement (heures)

Couverture de la négociation collective (%)

Suède

1.662

88

Finlande

1.662

89

Belgique

1.752

96

Autriche

1.714

98

France

1.578

98

Moyenne

1.674

94

Pays ayant le taux de couverture de la négociation collective le plus bas

 

Temps de travail négocié collectivement (heures)

Couverture de la négociation collective (%)

Pologne

1.848

13

Grèce

1.840

14

Roumanie

1.840

15

Estonie

1.856

19

Hongrie

1.856

22

Moyenne

1.848

11

Les différences soulignent la nécessité d’augmenter le niveau de couverture de la négociation collective dans l’ensemble de l’Europe.

L’accès à des conditions négociées collectivement a été supprimé pour plus de 3 millions de travailleurs au cours des deux dernières décennies. Cela touche principalement la Grèce et la Roumanie, deux des pays ayant le temps de travail le plus élevé. Le gouvernement grec vient de faire passer une loi prolongeant encore le temps de travail.

Le manifeste de la CES pour les élections européennes plaide pour les mesures suivantes afin de parvenir à un « Accord équitable pour les travailleurs » :

  • Une révision des directives sur les marchés publics conditionnant l’accès des entreprises à un financement public au respect du droit à la négociation collective ;
  • Une transposition ambitieuse au niveau national de la directive sur les salaires minimaux adéquats visant 80% de couverture de la négociation collective dans chaque État membre ;
  • La réduction du temps de travail sans perte de salaire, y compris à travers le droit à la déconnexion afin d’éradiquer le travail non rémunéré.

La Secrétaire générale de la CES Esther Lynch a déclaré :

« Pour un bien trop grand nombre de personnes partout en Europe, cette période de l’année est tout sauf un congé. Ces personnes qui travaillent de longues heures pour un bas salaire alors qu’elles devraient profiter de temps libre avec leurs amis et leur famille. »

« Vu le lien évident entre le nombre de travailleurs dont les contrats sont négociés collectivement et le temps qu’ils doivent passer au travail chaque année, pouvoir bénéficier de la négociation collective est le meilleur cadeau de Noël que les responsables politiques puissent faire aux travailleurs. »

« Il est prouvé que la réduction du temps de travail sans perte de salaire améliore et la productivité et le bien-être des travailleurs. Ces chiffres montrent qu’un niveau élevé de négociation collective constitue la meilleure voie vers un scénario gagnant-gagnant. »

« L’origine de l’écart entre salaires et conditions de travail qui existe entre États membres est un écart des droits des travailleurs. »

« Cela ne s’est pas produit spontanément. Durant les deux dernières décennies, les mesures d’austérité ont entrainé des attaques contre les structures permettant aux travailleurs de négocier collectivement et l’antisyndicalisme a ainsi pu prospérer. »

« L’argument erroné selon lequel la négociation collective serait néfaste pour la compétitivité de l’économie est aujourd’hui complètement discrédité et il est donc temps que les responsables politiques se préoccupent des conséquences des erreurs du passé. »

« C’est la raison pour laquelle l’UE et les gouvernements nationaux doivent maintenant être proactifs afin de rétablir l’étendue de la négociation collective qui s’est avérée bonne pour l’économie et pour la société. »

« Le meilleur moyen pour y parvenir serait de faire en sorte que les entreprises bénéficiant d’un financement public fixent les salaires et les conditions de travail à travers une négociation collective. »

Notes

Source des statistiques sur le temps de travail : Temps de travail en 2021-2022, Eurofound

Les chiffres représentent le nombre d’heures que le travailleur à temps plein moyen devrait travailler dans chaque pays selon la législation et les conventions collectives existantes. Ils ne tiennent pas compte de facteurs tels que les heures supplémentaires, d’autres formes de temps libre ou de congé (comme le congé de maladie ou le congé parental ou de maternité) ou encore de réductions exceptionnelles du temps de travail normal telles que le chômage partiel.

Source des statistiques relatives à la négociation collective : OECD-AIAS ICTWSS Database and the link: https://www.oecd.org/employment/ictwss-database.htm

Note statistique : Italie exclue en raison de problèmes statistiques liés aux données sur la couverture de la négociation collective.