Le temps presse pour les gouvernements nationaux en ce qui concerne la directive sur le travail dans les plates-formes

Alors que les pays approchent de l'échéance finale pour la mise en œuvre de la directive sur le travail de plateforme, les travailleurs ont témoigné de la manière dont elle contribuera à mettre fin à l'"anxiété" liée aux bas salaires, aux accidents et à la gestion algorithmique.

Des travailleurs de plateformes, des représentants syndicaux, des décideurs politiques et des universitaires des 27 États membres de l'UE se sont réunis à Chypre pour la quatrième édition de Platforum, l'événement phare sur le travail de plateforme organisé par la Confédération européenne des syndicats (CES).

Un coureur a expliqué comment le fait de se voir refuser des droits fondamentaux, tels qu'un taux de salaire de base garanti, a mis sa santé physique et mentale en péril. S'exprimant sous le couvert de l'anonymat afin d'éviter les représailles auxquelles sont confrontés d'autres travailleurs des plates-formes, ils ont déclaré :

"Il est difficile de calculer combien on va gagner. Je fais ce travail depuis quelques années et je peux maintenant calculer que la moyenne est de huit à dix euros de l'heure avant impôts. Ce n'est rien. Cela me fait travailler plus longtemps que je ne le devrais. J'aimerais pouvoir travailler huit heures, mais aujourd'hui je dois en faire dix. Je m'inquiète chaque jour de savoir si je vais pouvoir gagner la somme d'argent dont j'ai besoin chaque jour.

"J'accepte tout. J'ai failli avoir un accident à cause de cela. Je livrais 70 ou 80 kg de commandes à l'arrière de mon vélo cargo et il est tombé. J'étais tellement concentré sur la livraison parce que j'avais besoin d'argent. Si j'ai un accident, que se passera-t-il ? L'entreprise ne paiera rien pour moi. J'ai toujours ce sentiment d'anxiété à propos des accidents. C'est ce qui se passe dans mon esprit lorsque je roule. C'est éprouvant, mentalement et physiquement".

La conférence intervient à un moment crucial, les États membres entrant dans la dernière année avant la date limite absolue pour transposer la directive sur la plate-forme dans leur droit national et veiller à ce qu'il y ait une présomption d'emploi pour les travailleurs, ce qui signifie que les travailleurs ne sont pas tenus de payer :

  • Une présomption d'emploi pour les travailleurs qui leur permet de faire valoir leurs droits ;
  • Une réglementation de la gestion algorithmique pour empêcher que des décisions clés sur la rémunération ou l'embauche et le licenciement soient prises sans transparence totale ;
  • la reconnaissance des syndicats et de la nécessité de négociations collectives dans le secteur des plateformes afin d'empêcher l'utilisation d'algorithmes comme outil de démantèlement des syndicats.

La CES appelle les gouvernements nationaux à continuer à travailler avec les syndicats nationaux pour s'assurer que la directive tienne pleinement les promesses faites à des millions de travailleurs, qu'elle garantisse des conditions de concurrence équitables pour les entreprises qui respectent les règles et qu'elle se traduise par une réduction des procédures juridiques pour les États membres.

En amont du Platforum, la CES a publié un guide, ''Négocier l'algorithme : un défi pour l'Europe''.Négocier l'algorithme : Un manuel syndicalafin d'aider les syndicats à garantir la protection des droits, des salaires et des conditions de travail des travailleurs à l'ère de la gestion algorithmique.

Andreas Matsas, secrétaire général de la Confédération des travailleurs chypriotes, qui a accueilli la conférence, a déclaré :

"Nous sommes fiers d'accueillir le Platforum à Chypre. Le travail sur plateforme n'est plus une question marginale, il façonne l'avenir de nos marchés du travail et la vie de millions de travailleurs. Avec l'adoption de la directive sur le travail sur plateforme, la tâche est claire : chaque État membre doit maintenant la transposer rapidement en droit national. La directive est une victoire historique pour les droits des travailleurs et une étape cruciale pour garantir des conditions de travail équitables, la dignité et la protection à l'ère numérique. Elle inclut également la directive sur le salaire minimum adéquat, qui vise à sauvegarder les droits des travailleurs par le biais de conventions collectives. Alors que Chypre assumera la présidence de l'UE le 1er janvier 2026, notre gouvernement a une occasion unique de montrer l'exemple en commençant la transposition sans délai et en impliquant pleinement les partenaires sociaux dans le processus. L'Europe nous observe et Chypre doit montrer qu'elle est du côté des travailleurs."

Tea Jarc, Secrétaire confédérale de la CES, a déclaré :

"Le temps presse pour que les gouvernements nationaux transforment la promesse de la directive sur les plates-formes de travail en une réalité qui garantisse les droits des travailleurs et, à coup sûr, ceux des entreprises. Des millions de cyclistes, de chauffeurs et de soignants ont déjà attendu trop longtemps avant de bénéficier de leurs droits les plus élémentaires en tant que travailleurs, tels que des congés de maladie payés ou des salaires qui ne tombent pas en dessous du minimum légal.

"La nécessité d'appliquer des normes minimales au secteur des plateformes devient de plus en plus urgente à mesure qu'il s'étend à de plus en plus de secteurs de l'économie et que les abus de la gestion algorithmique pour exploiter les travailleurs se multiplient. Les travailleurs des plateformes savent mieux que quiconque ce que c'est que de travailler sous la pression du temps et attendent maintenant des ministres nationaux qu'ils travaillent avec leurs syndicats pour mettre en œuvre cette directive dès que possible."

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Publié le30.09.2025
Communiqué de presse