La CES rejette toute approche qui aurait des relents d'allocation conditionnelle à l'américaine

Bruxelles, 15/01/2004

Dans un commentaire formulé à l'approche du Conseil « Emploi et Affaires sociales » qui doit se tenir à Galway le 15 janvier, John Monks, Secrétaire général de la CES, a déclaré:

La Présidence irlandaise a effectué des débuts encourageants en plaçant au cœur de ses travaux les questions liées à l'emploi. Le pays a été à la fois un contributeur majeur au modèle social européen et un bénéficiaire majeur de ce modèle.” Ces points ont été discutés hier à Dublin par la CES avec le “Taoiseach” (Premier ministre irlandais) ainsi qu'avec le ministre irlandais de l'emploi".

Toutefois, les documents de base de cette réunion de la Troïka sont trop axés sur la tentative de remettre les chômeurs au travail par la contrainte. Le postulat sous-jacent est évident: les chômeurs renâclent à travailler, et il convient de trouver, via les systèmes de sécurité sociale, des moyens d'exercer sur eux une pression visant à leur faire accepter n'importe quel emploi disponible. Tout cela rappelle fortement les principes de “workfare” (allocation conditionnelle) à l'américaine.

Dans de nombreux pays, cependant, le problème est la pénurie d'emplois, et non les postes vacants qui ne trouvent pas preneur. Or, l'expérience nous enseigne qu'une période de croissance économique soutenue - la première des nécessités pour l'Europe - est le meilleur scénario pour que les chômeurs reprennent le chemin du travail. Il est clair que les politiques actives portant sur le marché du travail doivent jouer un rôle important afin de venir en aide à ceux qui ne possèdent pas les compétences nécessaires pour trouver et conserver durablement un emploi, notamment les chômeurs de longue durée, les personnes handicapées, ou encore ceux et celles qui ont une ou plusieurs personnes à charge et doivent assumer de lourdes responsabilités domestiques. Il existe déjà de bons exemples de tels programmes dans nombre de pays de l'Union européenne.

Comme l'a reconnu lui-même le Premier ministre irlandais hier, il n'est pas seulement nécessaire qu'il y ait davantage d'emplois, mais il faut aussi que ces emplois soient de meilleure qualité.

La CES insistera sur ces différents thèmes à Galway, et aura pour objectif d'aiguiller la Troïka vers la discussion de mesures positives susceptibles de donner un sérieux coup de pouce à l'emploi et de favoriser une augmentation de la population active et l'égalité des chances.