La CES invite le Conseil de compétitivité à faire face aux défis de l'industrie européenne

Bruxelles, 17/05/2004

« La concurrence féroce à laquelle l'industrie européenne doit faire face est réelle, et ne devrait pas être sous-estimée. » Des simples recettes telles que la libre concurrence et l'abolition des règles et des règlements n'entraîneront qu'une baisse des normes, et ne constituent donc pas une panacée. L'Europe doit se doter d'une véritable politique industrielle, a déclaré John Monks, secrétaire général de la CES.

La CES a exprimé une série d'inquiétudes quant à la communication de la Commission sur la politique industrielle et sur la politique concurrentielle qui seront abordées par le Conseil de la compétitivité les 17 et 18 mai prochains :·

- La compétition n'entraînera l'innovation, la productivité et des marchandises et services à haute valeur joutée que si elle guidée dans la bonne direction. En l'absence d'une zone plancher qui règle la concurrence, les forces du marché obligeront les entreprises à se faire concurrence à coups de faible qualité, de prix bas et de mauvais travail sous-payé. Les problèmes fondamentaux de l'industrie européenne ne devraient pas passer le cap de l'agenda sur la déréglementation des services et la libéralisation des secteurs restants. Ce ne sont ni les Etats ni les autorités régulatrices qui devraient se faire concurrence mais bien les entreprises, dans des limites de la concurrence établies par les gouvernements conformément aux principes démocratiques de base.
- En outre, faire de la compétitivité un pilier plus important que la protection sociale et le développement durable dans les prises de décision européenne, est une stratégie étroite et à court terme qui est vouée à échouer au long terme.
- Contrairement à la communication sur la politique industrielle qui souligne à juste titre le besoin d'investissement dans le capital humain, par exemple grâce à des fonds de formation sectorielle, la communication sur la politique concurrentielle stipule qu'elle surveillera et contrôlera attentivement les conventions collectives qui régissent les formations professionnelles. C'est tout particulièrement regrettable puisque ce sont ces programmes de formation établis par ces conventions collectives qui bénéficient aux ouvriers qui autrement n'auraient pas l'accès à la formation. La CES invite le Conseil de compétitivité à se prononcer en faveur d'une exclusion de ces conventions du champ de la politique de compétitivité et qu'elles soient au contraire promues par le Fond Social européen.

D'autres aspects de la communication sont acceptés et soutenus par la CES :

- La reconnaissance du rôle positif joué par le dialogue dans la réalisation des changements structurels. Cette reconnaissance ne devrait cependant pas demeurer limitée à des déclarations générales. Au contraire, les partenaires sociaux devraient être impliqués dans les discussions sectorielles sur la restructuration des industries.
- Le rôle que peut jouer la demande publique dans le développement des nouvelles technologies et des nouveaux marchés (notamment la dimension du développement durable) qui peut fournir à l'économie européenne un avantage concurrentiel dans l'économie globale de demain. Enfin, d'autres aspects cruciaux manquent toujours selon la CES :
- Les changements structurels ne s'effectueront que si l'Europe met de l'ordre dans son ménage macro-économique. Ce processus ne fonctionne tout simplement pas quand des ouvriers licenciés ne peuvent retrouver un emploi car la demande globale de l'économie domestique est négligée par les responsables des politiques macro-économiques qui s'attablent toujours à combattre les batailles inflationnistes du passé.
- ·Une autre dimension oubliée est l'introduction de lieux de travail à haut rendement et l'innovation par un marché de l'emploi justement régulé qui garantit la participation, la sécurité et la formation des travailleurs. Ce n'est pas par hasard si l'Allemagne, avec son système de co-détermination des travailleurs, compte le plus grand nombre de société en Europe qui investissent dans l'innovation (au cours de la période 98-2000, 65% des entreprises allemandes se sont engagées dans des activités innovatrices contre 45% dans l'Europe des 15, et seulement 30% dans Économie britannique « libre de toute bureaucracie », données fournies par Eurostat).
- L'abolition des taxes concurrentielles sur les revenus mobiles tels que le capital, l'épargne et les taxes sur l'énergie fournirait au gouvernement une base financière pour des investissements cruciaux dans la recherche et le développement, tout en entamant les activités qui seront les futurs secteurs dynamiques (technologies propres, énergies renouvelables).