Informel social: l'UE ne doit pas oublier qu'elle a aussi un objectif social

Bruxelles, 10/07/2008

L'Europe connaît une crise socio-économique sérieuse : on observe une inflation galopante, aggravée par une augmentation des prix du pétrole et des denrées alimentaires grevant en priorité le budget des personnes les plus modestes. La spéculation financière joue également un rôle non négligeable dans ce climat dégradé. Ce contexte a des conséquences directes sur les travailleurs : en effet, une frange de plus en plus importante d'entre eux s'inquiète de l'augmentation de la précarité caractérisée, à la fois, par la baisse du pouvoir d'achat et des salaires. Cette situation devrait préoccuper au plus haut point les décideurs européens.
La récente décision prise sur la directive “temps de travail”, les jugements de la Cour européenne de Justice (CEJ) dans les cas Laval, Viking, Rüffert, Luxembourg, l'augmentation des taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) ne sont pas les réponses appropriées aux préoccupations des travailleurs. La CES a déjà tiré la sonnette d'alarme en demandant à l'exécutif européen de changer d'orientation sous peine d'être sanctionné, comme l'a fait le récent référendum irlandais. L'absence de dimension sociale ne permettra ni de répondre aux défis internes de l'UE ni à ceux de la mondialisation. Le social doit clairement figurer parmi les priorités de la Présidence française de l'UE.

La CES a exprimé, à plusieurs reprises, sa perplexité face à l'évolution de la prise en compte du social : on passe d'un programme social européen clairement défini et doté à un agenda social incohérent et sans fil de conducteur, signe d'une absence de volonté politique claire à ce sujet. Nous sommes passés d'une approche sociale à une approche sociétale. L'UE doit aussi en finir avec l'idée que le social est un luxe dont on doit se passer et que les déréglementations sont la solution aux problèmes socio-économiques.

L'Europe doit, plus que jamais, donner le signal clair à ses citoyens et à ses travailleurs que les politiques sociales sont parties intégrantes des facteurs de productivité. Les défis sont nombreux : le marché du travail européen doit être une priorité et l'Europe sociale ne peut se faire en catimini par des règlements de la CJE. Un vrai débat est nécessaire pour prendre en compte les besoins et droits sociaux au niveau européen. De même, les évolutions démographiques pèseront de plus en plus sur le marché du travail et, à ce titre, elles doivent sérieusement être pris en compte. L'Europe doit apporter des réponses claires sur la démographie en mettant en place, par exemple, un pacte intergénérationnel et en s'attaquant à la discrimination faite aux femmes sur le marché du travail. D'autre part, les efforts doivent être soutenus et renforcés concernant le développement durable.

« On ne peut pas faire l'économie du social », tel est le message principal de la CES lors de cette réunion informelle des ministres du travail et des politiques sociales. La CES réitére également sa proposition d'intégrer un protocole social aux traités. L'Europe doit d'urgence définir des objectifs sociaux clairs, dotés de moyens, qui soient susceptibles de faire face au double défi interne et externe de la mondialisation. Cette Europe doit assurer une solide stratégie environnementale, le plein emploi, des hauts niveaux de formation et d'innovation, l'égalité hommes/femmes, des services publics efficaces et un système performant de redistribution des richesses.

- Mémorandum syndical à la présidence française (Version française à suivre)

10.07.2008
Communiqué de presse