15.000 marcheurs à Bruxelles pour dire non au retour de l’austérité dans l’UE

Quinze mille travailleurs de tout le continent ont marché sur les institutions européennes à Bruxelles aujourd’hui pour faire passer un message clair aux responsables politiques : il ne peut y avoir de retour de l’austérité.

Des membres des syndicats de 30 pays ont fait le voyage vers la Belgique pour participer à la manifestation « Ensemble contre l’austérité » organisée par la Confédération européenne des syndicats (CES) durant laquelle la Secrétaire générale Esther Lynch a averti les politiques qu’ils auraient à payer le prix de tout retour à l’austérité lors des prochaines élections européennes.

Cette manifestation intervient à la veille d’une réunion des chefs de gouvernement européens qui peinent à s’accorder sur une réforme controversée des règles de gouvernance économique de l’UE.

Selon le projet de proposition de la Commission, les États membres présentant un déficit de plus de 3% du PIB devraient réduire chaque année leur déficit budgétaire d’au moins 0,5% de leur PIB.

D’après les calculs de la CES basés sur les données de la Commission européenne, cela signifie que ces États membres seraient contraints de réduire leurs budgets de 45 milliards d’euros pour la seule année prochaine. La proposition du Conseil aggraverait encore ces réductions.

  Réduction annuelle minimum requise (euros) Nombre d’infirmières qui pourraient être financées Nombre d’enseignants qui pourraient être financés
Belgique 2,7 milliards 37.888 82.500
Tchéquie 1,3 milliard 54.511 89.597
Estonie 180 millions 8.909 11.464
Espagne 6,6 milliards 166.254 N/A
France 13,2 milliards 371.888 492.327
Italie 9,5 milliards 326.652 392.878
Lettonie 195 millions 14.413 20.602
Hongrie 851 millions 59.312 115.220
Pologne 3,2 milliards 180.067 405.672
Slovénie 294 millions 9.100 14.913
Slovaquie 548 millions 31.106 49.932
Bulgarie 423 millions N/A N/A
Roumanie 1,4 milliard N/A N/A

 

La CES et ses affiliés ont profité de la manifestation pour appeler les dirigeants européens à soutenir :

  • Des règles de gouvernance économique qui placent le bien-être des gens et de la planète au-dessus de limites arbitraires, y compris en instaurant une « règle d’or » pour les investissements publics qui, à tout le moins, exclut des limites de dépenses les investissements relatifs aux objectifs sociaux et climatiques.
     
  • Le maintien des mécanismes de solidarité performants de l’UE introduits durant la pandémie, tels que la facilité pour la reprise et la résilience, afin de garantir des conditions de concurrence équitables en matière d’investissements.
     
  • Une nouvelle prolongation d’un an de la clause dérogatoire générale du pacte de stabilité et de croissance afin d’accorder suffisamment de temps pour aboutir à une réforme soutenable des règles de gouvernance économique.
     
  • Des initiatives nécessaires pour offrir un accord équitable pour les travailleurs, y compris de meilleurs emplois et des augmentations salariales, le soutien à la négociation collective, une amélioration des conditions de travail et la fin des emplois précaires.

Lors de sa prise de parole à la conférence de presse d’aujourd’hui, la Secrétaire générale de la CES Esther Lynch a déclaré :

« Nous sonnons l’alarme à propos des conséquences de cette décision. La décision concernant les règles de gouvernance économique n’est pas quelque chose qui concerne seulement des experts technocratiques ou seulement des ministres. »

« Ce dont il s’agit ici, c’est de l’avenir même de l’Union européenne. Ce qui est en passe de se décider, c’est s’il y aura suffisamment d’investissements pour nos emplois et la transition écologique. Ce qui est en passe de se décider, c’est s’il y aura suffisamment d’hôpitaux, d’écoles et de logements. »

« Nous avons besoin de stabilité et cela veut dire faire en sorte que la clause dérogatoire soit maintenue pour les six prochains mois voire un an afin d’accorder assez de temps pour des discussions constructives. Nous devons nous assurer de ce que les très mauvaises règles appliquées avant le Covid ne refassent pas surface. »

« Nous ne demandons pas quelques ajustements mineurs. Ce que nous réclamons, c’est une réforme pour éliminer les graves lacunes en tenant compte de toutes les leçons que nous avons apprises durant le Covid. »

« Il n’y a rien d’inévitable dans ce qui arrive. Des choix politiques délibérés sont posés et, lors des prochaines élections, nous tiendrons pour responsables toutes les personnes pour les choix qu’elles auront faits. »

« Nous demandons une complète refonte afin d’assurer que les États membres puissent investir, soutenir les services publics et faire en sorte que tous les travailleurs croient dans un avenir pour l’Europe et non un avenir basé sur une austérité imposée par l’UE. »