Motion d'urgence - Solidarité avec les journalistes turcs et kurdes victimes de la répression.

Motion d’urgence - Solidarité avec les journalistes turcs et kurdes victimes de la répression.

Adoptée au 13ème Congrès de la CES le 2 octobre 2015

Pour la liberté d’expression.

Depuis plusieurs années, les journalistes, les syndicalistes et les collaborateurs de presse en Turquie sont victimes de la répression de la part des autorités de ce pays candidat à l'Union européenne. Les journalistes et les syndicalistes se font régulièrement arrêter, jeter en prison ou ils doivent faire face à la violence, à la censure, aux menaces de licenciement, aux insultes et aux refus d'accréditation. Des procès sont en cours en permanence contre nombre de journalistes.

Le pouvoir exerce également des pressions inadmissibles contre nos camarades du TGS, le syndicat des journalistes de Turquie, qui s’emploie à défendre leurs consoeurs et confrères turcs et kurdes victimes de la répression.

Au-delà de ces faits, c’est la liberté d’expression qui est visée par cette politique répressive qui tente d’ériger un mur du silence, notamment en ce qui concerne les informations sur la situation des populations kurdes, les affaires de corruption qui affectent la classe politique, la gestion des guerres dans le voisinage ou la stratégie de lutte contre les réseaux terroristes.


Le climat particulièrement répressif à l'égard des journalistes et des médias durant la période électorale actuelle,  en vue du scrutin législatif du 1er novembre 2015, justifie l'urgence de la présente motion. Les locaux du quotidien Hürriyet ont été assiégés à deux reprises par des sympathisants du parti gouvernemental. Les journalistes du quotidien Zaman sont régulièrement insultés et intimidés par les dirigeants des institutions publiques. 25 nouveaux procès ont été intentés contre les journalistes du quotidien Cumhuriyet durant ces six derniers mois, trois correspondants de presse étrangère ont été expulsés de Turquie durant les deux dernières semaines.  

Tout dernièrement le 28/09/2015, la police turque a brutalement envahi, sans mandat judiciaire approprié, les bureaux du quotidien kurde Azadiya Welat et l’agence de presse kurde DIHA à Diyabakir et a procédé à l’interpellation de 32 journalistes et de salariés des medias. Les journalistes ont été détenus et interrogés pendant plus de sept heures avant d’être libérés.

La Fédération internationale des journalistes (FIJ, 600.000 membres dans le monde) et la Fédération européenne des journalistes (FEJ, plus de 320.000 membres dans 40 pays), ont mené depuis cinq années avec le TGS des luttes solidaires avec les journalistes et les défenseurs des droits de l'homme.

A la mi-septembre, La FIJ et la FEJ ont tenu à Istanbul une conférence internationale sur les questions de la  liberté de la presse et les droits du travail en Turquie pour condamner les nouvelles attaques du gouvernement turc contre les libertés et réclamer une liberté d'association des travailleurs. Les participants ont également réaffirmé le droit à l'information de l'opinion publique.

Dans une lettre du 25/09/2015 adressée au président Recep Tayyip Erdoğan, nos organisations et plusieurs confédérations européennes et internationales ont dénoncé les menaces actuelles contre la liberté d’expression des medias et des journalistes  en Turquie et la montée de la censure à l’approche des prochaines élections.

Dans ces conditions, le Congrès de la CES, réuni à Paris du 29 septembre au 2 octobre 2015 à Paris, apporte sa pleine et entière solidarité aux journalistes et aux salariés et collaborateurs pigistes  des medias en Turquie, ainsi qu’aux syndicalistes du TGS.

Le Congrès de la CES appelle les autorités turques à libérer les 21 journalistes encore détenus, de cesser l'ensemble des poursuites judiciaires à l'égard des journalistes  sur la base des dispositions réprimant "l'insulte à l'égard du président", de supprimer le système d'accréditations, de lever les blocages géographiques des sites d'information imposés par l'autorité turque de télécommunications, d'annuler la réforme de la commission de la carte de presse. La liberté d'association syndicale, le droit de l'information du public et la liberté de presse doivent être respectés.

La CES demande enfin urgemment au pouvoir en place en Turquie de faire cesser la répression contre les journalistes turcs et kurdes.

Pas de démocratie sans liberté de la presse.