Le plan d'investissement Juncker : nouvel élan ou faux départ ? Les grandes questions

  1. Ce plan est-il suffisant pour faire une vraie différence ? Pour sortir l’économie européenne de la stagnation et éloigner la zone euro de la déflation, un considérable effort d’investissement est nécessaire. Le plan d’investissement de la CES évoque un montant de 250 milliards d’euros soit 2% du PIB européen par an sur dix ans.
  2. S’agit-il d’investir dans l’économie ou de liquidités pour les banques ? L’UE investira-t-elle dans des projets réels ou injectera-t-elle plutôt davantage d’argent dans les banques en achetant leurs portefeuilles de prêts (aux PME) dans l’espoir que ces banques accordent plus de crédits ? La seconde approche a été pratiquée ces dernières années et a échoué.
  3. Sera-t-il consacré aux États membres en difficulté financière ? La monnaie unique européenne ne se porte pas bien. Elle souffre de divergences économiques et sociales croissantes entre ses États membres. Pour assurer l’avenir de la monnaie unique, un effort particulier d’investissement pour ses membres les plus faibles est hautement souhaitable.
  4. Est-ce du vieux vin dans de nouvelles bouteilles ? L’UE va-t-elle simplement changer l’emballage d’investissements qui auraient de toute façon eu lieu ? Cela n’aurait aucun sens. L’Europe a besoin d’investissements supplémentaires.
  5. Ce plan est-il trop dépendant des marchés ? Pour financer le plan, il se dit que la Commission envisage de contribuer à hauteur d’environ 30 milliards d’euros et de compter ensuite sur des fonds privés pour apporter dix fois ce montant. Cela rendrait le plan tributaire de marchés financiers peu enthousiastes.
  6. Y a-t-il suffisamment d’argent public ? Certains disent que l’investissement privé décollera « si l’on crée les bonnes conditions ». Toutefois, le problème auquel l’Europe est confrontée n’est pas un manque de « conditions » mais un manque de demande. Partout en Europe, des entreprises ont retrouvé des marges bénéficiaires égales aux niveaux d’avant la crise et accumulent d’importantes liquidités qu’elles n’investissent pas parce que la demande pour leurs produits et leurs services est faible. Pour relancer l’économie, il faut d’abord relancer les investissements publics. Le plan Juncker apportera-t-il assez d’argent public ?
  7. Juncker insistera-t-il sur la nécessité d’accompagner l’investissement de nouvelles réformes structurelles ? Si oui, quel type de réformes ? La CES pense que de nombreuses réformes structurelles mises en œuvre ces dernières années font partie du problème, pas de la solution. En diminuant les salaires et la protection sociale, les réformes ont aggravé la crise. Au lieu de cela, l’Europe a besoin d’investissement et de justes salaires ainsi que d’une protection sociale décente. Si les gens ont de l’argent à dépenser, ils le dépenseront, stimulant ainsi la demande de biens et de services.

Bernadette Ségol, Secrétaire générale de la Confédération européenne des syndicats (CES), a déclaré : « M. Juncker, Président de la Commission européenne, a promis un nouvel élan pour l’Europe. Nous espérons que son plan d’investissement ne sera pas un faux départ. »